Saison grippale précoce : une virulence normale
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Saison grippale précoce : une virulence normale

## Le Maroc face à une vague grippale précoce : les autorités appellent à la vigilance, mais se veulent rassurantes

L’épidémie de grippe saisonnière s’est manifestée cette année au Maroc avec une précocité inattendue. Alors que la circulation du virus influenza, principalement la souche H3N2, s’intensifie de manière significative, cette hausse soudaine des infections a légitimement soulevé des inquiétudes au sein de la population. Toutefois, les professionnels de la santé et les représentants officiels du secteur cherchent à tempérer les craintes : la situation est sous contrôle et n’implique pas de gravité clinique inédite.

### Un virus connu, une saison atypique

Le Dr Mouad Merabet, coordonnateur du Centre national des opérations d’urgence de santé publique au ministère de la Santé, a tenu à clarifier la nature de l’agent pathogène en cause. Il assure que le H3N2 qui prédomine actuellement n'est pas un nouveau virus. Il s'agit d'une souche bien connue de la grippe saisonnière, dont les mutations régulières font partie du cycle épidémique normal.

Selon les experts, la véritable singularité de cette saison réside dans son caractère exceptionnellement précoce et potentiellement plus intense que d’habitude. Si ces observations d’une transmission plus élevée sont faites à l’échelle internationale, il ne s'agit pas pour autant de preuves épidémiologiques établies d’une crise sanitaire. La souche H3N2 est d’ailleurs réputée pour sa forte transmissibilité, ce qui explique en partie l’accélération du nombre de cas rapportés.

### Absence de sévérité accrue

Sur le plan clinique, le ministère de la Santé se fonde sur les données nationales et celles de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour écarter toute aggravation de la maladie. Il n’y a pas de sévérité accrue de l’influenza cette saison. Les cas dits « graves » restent, comme chaque année, confinés aux personnes déjà vulnérables : les seniors, les patients souffrant de pathologies chroniques ou ceux dont le système immunitaire est affaibli.

Les symptômes observés demeurent classiques et conformes au tableau clinique de la grippe : fièvre, forte toux sèche, douleurs musculaires (courbatures), maux de tête et fatigue. Selon l'OMS, une majorité des personnes infectées (environ 60 %) développent des formes très légères, tandis que le reste présente l'ensemble des signes typiques.

### Une accélération sur le terrain

Cette dynamique épidémique prématurée est confirmée par le Dr Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques de santé. Il souligne que l'accélération des syndromes grippaux est palpable sur le terrain depuis la mi-novembre, soit bien avant le pic habituellement attendu au cœur du mois de décembre.

Le Dr Hamdi précise également le schéma de propagation actuel : le virus tend à toucher en premier les adolescents, les jeunes et les adultes, avant de s’étendre aux enfants et au reste de la population. Devant cette intensité précoce, il anticipe un nombre global de cas plus élevé, augmentant proportionnellement le risque de formes sévères chez les catégories les plus fragiles, incluant spécifiquement les personnes de plus de 65 ans, les femmes enceintes, les personnes obèses et les jeunes enfants.

Face à cette situation, le message des spécialistes est unanime : la prévention est la clé. Le Dr Merabet rappelle que si la vaccination ne prévient pas toujours l’infection elle-même, elle est essentielle pour protéger efficacement les groupes à risque contre les formes graves. Au-delà de l'immunisation, le respect des gestes barrières, l’application stricte des règles d’hygiène et l’auto-isolement en cas de symptômes sont les mesures fondamentales pour limiter l’impact de cette saison grippale précoce au Maroc.