Après la nuit tragique, le point sur les inondations à Safi
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Après la nuit tragique, le point sur les inondations à Safi

La ville côtière de Safi a été plongée dans le deuil suite à une catastrophe naturelle d'une rare violence. Les fortes intempéries survenues dans la nuit du dimanche 14 décembre ont déclenché des crues torrentielles dévastatrices, dont le bilan humain s'élève à 37 morts, selon les dernières données communiquées par les autorités. Au-delà des pertes humaines, les dégâts matériels sont considérables, forçant les opérations de secours à se poursuivre sans relâche tandis qu'une enquête est ouverte pour déterminer l'origine de cette tragédie.

L’intensité exceptionnelle de cet événement a marqué la nuit de Safi. En quelques heures seulement, des précipitations orageuses d'une grande puissance ont submergé une large portion de la cité.

### Le paradoxe météorologique et l’ouverture d’une enquête

Selon les relevés de la Direction générale de la météorologie, le cumul des précipitations sur 24 heures oscillait entre 46 mm et 60 mm. Ce volume, bien que significatif, n'est pas, en soi, jugé exceptionnel et a déjà été enregistré dans d'autres régions sans provoquer de dommages aussi massifs ni un bilan humain aussi lourd. Cette discordance soulève de sérieuses interrogations quant aux véritables facteurs qui ont transformé ces pluies en désastre.

En réponse à l'ampleur inédite de la situation, le procureur général du Roi près la cour d’appel de Safi a ordonné, dès ce lundi 15 décembre, l’ouverture d’une enquête judiciaire. Cette investigation, confiée à la police, vise à établir les causes exactes du drame, ainsi qu’à définir les circonstances et les responsabilités liées à cet événement funeste.

### Mobilisation médicale et bilan des victimes

Outre les 37 victimes décédées, une cinquantaine de résidents ont pu être secourus. Ils ont été immédiatement transportés et pris en charge au sein de l’hôpital provincial Mohammed V de Safi.

L’établissement a rapidement activé son plan d'urgence, accueillant un total de 61 patients jusqu’au dimanche soir. Ces derniers présentaient majoritairement des troubles respiratoires, des états d’hypothermie sévère ou des crises de panique. Le directeur de l’hôpital, Khalid Iazza, a confirmé la pleine mobilisation des équipes médicales et administratives. Jusqu’à présent, deux patients ont été admis en réanimation, mais leur état de santé demeure stable. La prise en charge rapide a porté ses fruits : la majorité des blessés se trouvaient dans un état satisfaisant ce lundi matin, permettant à 13 d'entre eux de regagner leur domicile. Cinq autres poursuivent leurs soins, en attendant la sortie imminente des deux patients en réanimation.

### Le réveil d'un oued et la dévastation de l'artisanat

Sur le plan matériel, les pertes se chiffrent en millions. Plus de 70 habitations et commerces ont été ravagés par les flots, qui ont également emporté une dizaine de véhicules dans divers quartiers.

L’ancienne médina est particulièrement touchée, notamment le quartier de Bab Chaâba. Ce secteur, tristement célèbre pour être le plus sinistré, est le cœur vibrant de l’artisanat potier, abritant près de 100 artisans répartis dans 74 ateliers. Cette activité emblématique a subi des pertes considérables, les ateliers ayant été entièrement submergés.

La vulnérabilité de Bab Chaâba s'explique par sa proximité immédiate avec le lit de l’Oued Haroun (aussi connu sous le nom d’Oued Chaâba). Resté à sec durant plusieurs décennies, cet oued s'est brutalement transformé en un torrent sous l’effet des pluies torrentielles, provoquant une crue rapide et destructrice à l’origine directe des inondations dans la zone.

Face à l'urgence, les autorités publiques, les services de la protection civile et les forces de l’ordre sont engagés dans une vaste opération coordonnée de recherche, de secours et d’assistance aux populations sinistrées. À titre de mesure préventive, et en raison des conditions météorologiques défavorables, la Direction provinciale du ministère de l’Éducation a annoncé la suspension des cours pour l’ensemble des établissements scolaires de la province durant trois jours (lundi, mardi et mercredi).

Une réunion de crise s'est tenue lundi au siège de la préfecture afin d'évaluer l'étendue exacte des dégâts dans les zones affectées et de décréter des mesures urgentes pour atténuer les conséquences du désastre. Il a été rappelé l’impératif de maintenir l’état d’alerte maximal et d'assurer une coordination renforcée entre tous les intervenants mobilisés.