Safi oubliée des alertes météo lors des intempéries : qui est responsable de cette lacune ?
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Safi oubliée des alertes météo lors des intempéries : qui est responsable de cette lacune ?

Le déluge imprévu qui s’est abattu sur la province de Safi dans la nuit du dimanche 14 décembre 2025 a tourné au désastre, causant la mort tragique de 37 personnes et des destructions matérielles considérables suite à des inondations subites. Or, la gravité de cette catastrophe soulève une controverse majeure : l’absence flagrante de Safi dans les bulletins d’alerte météorologique cruciaux précédant la journée fatidique.

La question revient avec insistance auprès des autorités et des observateurs : comment expliquer que cette province ait été omise des avis de vigilance émis par la Direction générale de la météorologie (DGM) les 11, 12, 13 et 14 décembre, alors que le cumul des précipitations s’est révélé exceptionnel en un court laps de temps ?

D’après une revue des communications de la DGM durant cette période, les avertissements de niveau orange ciblaient prioritairement les risques de fortes averses, de chutes de neige et de vents violents dans plusieurs régions du Nord, du Centre et du Haut Atlas. La région de Safi ne figurait pas sur ces listes essentielles.

Pour retrouver une mention spécifique de la province, il faut remonter au 10 décembre, complétant un avis émis la veille. Le bulletin du mercredi plaçait Safi en vigilance orange, anticipant des averses orageuses avec des cumuls modérés (entre 20 et 30 mm) sur une plage horaire définie (10h à 21h).

Interrogée sur ce décalage, la météorologie nationale a d’abord répondu par une généralisation, affirmant que des bulletins de niveau orange couvrant la région avaient été maintenus du 8 au 14 décembre. Cependant, cette assertion ne reflète pas la réalité des faits : Safi n’était explicitement nommée dans des alertes précises que les mardi 9 et mercredi 10 décembre.

**La difficulté de prévoir l’imprévisible**

Concernant directement la journée du dimanche 14 décembre, la DGM avance que l’épisode pluvieux qui a frappé Safi s’est caractérisé par une intensité et une concentration spatio-temporelle extrêmes. Ce type de phénomène météorologique, très localisé et brutal, est notoirement difficile à anticiper avec précision à moyen ou long terme.

Néanmoins, la carte de vigilance a été actualisée en temps réel par les services météorologiques, passant initialement au niveau « jaune » au début des averses, puis au niveau « orange » au fur et à mesure que la situation s’aggravait. La DGM précise que la vigilance jaune correspond à des risques liés à des phénomènes météorologiques habituels, mais susceptibles de présenter un danger ponctuel ou local.

**Un cumul pluviométrique jugé non exceptionnel**

Malgré le déclenchement de la vigilance orange, la Direction générale de la météorologie maintient une analyse statistique nuancée. Selon ses propres critères officiels en vigueur, les quantités de pluie enregistrées — soit 18 mm en une heure et un total de 35 mm sur six heures — ne justifiaient en réalité qu’un classement en vigilance jaune.

Les données précises pour le 14 décembre 2025 indiquent un cumul d’environ 34,6 mm entre midi et 18h. La DGM affirme que cette valeur, bien que significative, n’était pas exceptionnelle si l’on se réfère aux antécédents de la région, qui a déjà connu des cumuls journaliers largement supérieurs.

De plus, l’épisode pluvieux s’est distingué par son caractère extrêmement localisé. La preuve en est qu’aucune précipitation n’a été relevée le même jour dans des villes avoisinantes comme Essaouira ou aux stations de Harrara et Sebt Kzoula. En d’autres termes, Safi n’a pas été submergée par un volume d’eau record, mais le déluge critique s’est produit en amont, hors de la ville, posant un défi majeur aux systèmes d’alerte précoce.

**L’Oued Chaâba, facteur aggravant**

Si les précipitations n’étaient pas statistiquement uniques, la configuration géographique de Safi a exacerbé la situation. La ville est bâtie en partie sur le lit majeur de l’Oued Chaâba. Ce torrent, resté asséché et inactif durant plusieurs décennies, s’est brutalement réactivé sous l’effet des pluies intenses tombées sur le bassin versant. Le réveil de l’oued a généré des crues rapides et dévastatrices, impactant sévèrement les quartiers construits à proximité de son tracé, notamment Bab Chaâba et l’ancienne médina.

Alors que les autorités locales poursuivent l’évaluation des dégâts et coordonnent les efforts de secours, une enquête judiciaire a été ouverte afin de faire la lumière sur les circonstances exactes de ce drame et d’établir les responsabilités éventuelles.